Sans épouser forcément les thèses des partis d'extrême-droite comme le FN en France, et l'UDC en Suisse (moins extrémiste, il faut dire), ni de tous ces partis qu'on voit fleurir et s'épanouir en Europe, basés sur des idées anti-migration ou xénophobes, une oreille attentive doit être prêtée à certains de ces partis, qui appuient du doigt là où ça fait mal. Nous devons absolument en tenir compte, au vu des populations négligées, dont on n'entend ni la souffrance ni la détresse, et qui se sentent des laisser-pour-compte d'une Europe servant des intérêts politico-économiques.
Ces populations, à force de crier dans le vide, finissent par se rallier à des thèses qui ne seraient pas forcément les leurs, si elles avaient tout simplement de quoi vivre dignement.
Telle cette bataille, lancée par un tribain de l'UDC bien connu en Suisse, dans sa campagne "non à l'adhesion insidieuse à l'UE", soit non à l'accord-cadre institutionnel auquel travaille notre Conseil Fédéral en collaboration avec l'UE. Cet accord prévoit entre autres une reprise dynamique – donc systématique – du droit européen pour tous les accords bilatéraux conclus et la subordination de la Suisse à la Cour de Justice de l'UE en cas de litige.
Que reste-t-il donc du libre arbitre de la Suisse et de sa souveraineté ?
Force est de constater que si cet accord-cadre se réalise, la suprématie du droit suisse sur le droit européen est terminée, fini de décider pour nous-mêmes. Qu'en serait-il des initiatives qui aboutiraient mais seraient contraires ou contradictoires même en partie avec le droit européen ? A la poubelle, ou adaptées de telle façon qu'elles en perdent tout leur sens, comme c'est le cas actuellement de la mise en oeuvre de la votation du 9 février 2014 sur l'immigration de masse, pourtant acceptée par le peuple et faisant actuellement partie de notre constitution.
L'Union Européenne doit changer. Elle doit refléter les volontés de ses peuples, et non de ses dirigeants ou du monde des puissants, comme par exemple des multinationales. De plus en plus de peuples le comprennent, tels les Wallons qui disent non à un accord de libre échange avec le Canada.
Celui-ci ferait entrer insidieusement les USA dans nos économies de façons plus massive, étant donné que l'accord Canada-USA existe déjà. Or, un libre-échange avec les USA, notamment dans des domaines comme l'agriculture par exemple, serait une vraie catastrophe, pour les agriculteurs français comme pour les suisses, dont les normes sont beaucoup plus respectueuses des animaux, et dont l'amour des terroirs est bien encore ancré dans les cultures.
Esclavage moderne
Cet accord avec le Canada prévoit également la libre circulation des "services", ce qui ouvre la porte à des dérives comme on en a connu en Europe déjà, qui aboutissent finalement à une forme d'esclavage moderne.
En Suisse par exempe, dans le domaine de la construction, il est facile aujourd'hui d'engager une entreprise étrangère, polonaise ou autre, qui va faire des offres plus concurrentielles, afin d'emporter des marchés, puis fera venir ses "employés" polonais, en payant soi-disant aussi leurs charges sociales, mais dont les salaires seront fortement revus à la baisse par rapport aux salaires suisses.
Conclusion : tout le monde se mettra du fric dans la poche, sauf les pauvres travailleurs peu ou mal payés, qui seront parfois dans des situations très précaires.
Voici les dérives de ces "accords" entre l'UE et la Suisse, ou l'UE et le Canada, versus USA détourné, etc.
Et qu'en serat-il de ce qui a fait notre fierté de Suisses, la démocratie directe, celle où un citoyen lambda pouvait récolter des signatures, les amener à Berne pour les déposer aux autorités fédérales, initiatives qui à ce moment-là devaient déboucher automatiquement sur une consultation du peuple, et, en cas d'acceptation de ce dernier, être appliquées ?
Il est fort à craindre que cette Suisse-là ait déjà disparu !
Elvira Cerezo
Première publication : agoravox.fr 24.10.2016