Ignazio Cassis, ministre des Affaires étrangères et président de la Confédération en 2022 s’est engouffré dans la brèche causée par la guerre en Ukraine pour mettre un terme à la longue tradition de la neutralité suisse. Toutefois, par tactique politique, il n’a pas eu le courage d’affirmer que la neutralité était sacrifiée. Il a donc préféré créer de toute pièce un concept vide de sens intitulé « neutralité dynamique ». Le 7 septembre dernier, le Conseil fédéral a mis un coup de frein aux inepties du président Cassis. Désormais, seule l’initiative pour la neutralité peut encore sauver cette dernière.
Avant Ignazio Cassis, aucun ministre des Affaires étrangères n’avait autant saboté la neutralité suisse. Affirmer qu’il s’agissait d’une volonté délibérée ce sa part serait probablement mentir. Il semblerait que notre conseiller fédéral tessinois ait agi par opportunisme en profitant de sa casquette de ministre des Affaires étrangères, de président de la Confédération en 2022 et de l’entrée de la Suisse au Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que de la guerre en Ukraine pour tenter de marquer sa présidence d’un grand coup et d’entrer ainsi dans l’histoire.
Ainsi, la reprise automatique des sanctions décidées par les pays occidentaux dans les jours qui ont suivi le 24 février 2022 ont permis à Ignazio Cassis d’apparaître sur la scène internationale aux côtés des leaders du monde occidentale. La presse du monde entier évoquait l’abandon par la Suisse de sa neutralité. Même Joe Biden a eu un lapsus à ce sujet.
Les trois déconvenues de Cassis
Au début de l’été, Cassis ouvrait une conférence internationale au Tessin pour la reconstruction de l’Ukraine qui a abouti sur la « Déclaration de Lugano », une coquille vide dont plus personne ne parle. Initialement, Cassis voulait en faire le moment fort de sa présidence en ayant les leaders mondiaux autour de lui dans sa région d’origine. Il n’aura finalement que les seconds couteaux. C’est la première déconvenue de sa vision à court terme.
La deuxième déconvenue ne se fait pas attendre. A la mi-août, la Russie renvoyait Cassis dans les cordes en refusant que notre pays propose ses bons offices au motif que la Suisse n’était plus neutre. C’est un désaveu terrible pour notre diplomatie, car les bons offices étaient précisément la marque de fabrique de la Suisse, ce qui la distinguait et rendait unique sur le plan international. C’est là où notre pays avait un rôle à jouer en faveur de la paix dans le monde, mais la vision à très court terme d’Ignazio Cassis et son empressement à vouloir entrer dans l’histoire en ont décidé autrement.
Enfin, troisième déconvenue le 7 septembre dernier quand le Conseil fédéral refusait son rapport pour une « neutralité dynamique », préférant en rester aux conclusions dans le rapport de 1993. Entre la Déclaration de Lugano et le renvoi du rapport sur la neutralité par le Conseil fédéral, il ne s’est passé qu’à peine deux mois durant lesquelles l’activisme de Cassis et sa soif d’entrer dans l’histoire auront été sanctionnés comme ils devaient l’être. La conférence internationale de Lugano est un cuisant échec que le contribuable suisse devra financer, tout comme son rapport pour une « neutralité dynamique ».
Place à l’initiative pour la neutralité
Le ministre des Affaires étrangères s’est durablement discrédité et ceci en un temps record. La neutralité suisse n’est pas un gadget qu’un président de la Confédération peut manipuler à sa guise pour se faire un nom sur la scène internationale. C’est un outil diplomatique précieux dont la valeur pour la paix est inestimable. Il est grand temps que l’initiative pour la neutralité annoncée par Christoph Blocher soit lancée.