Dans son livre « Un libéral nommé Jésus », Charles Gave affirme que Mahomet n’a rien emprunté au Nouveau Testament1. Cette assertion doit être tempérée. S’il est vrai qu’il a beaucoup moins repris que dans l’Ancien Testament, les éléments de reprise sont fondamentaux : l’aide aux proches parents dans Timothée, l’aumône sans ostentation dans Matthieu mais surtout le droit naturel que l’homme possède sur la femme, implicitement dans les injonctions que Saint-Paul fait aux femmes dans les Ephésiens et les Colossiens mais explicitement dans les Corinthiens.
Passé cette parenthèse exégétique, il convient de mettre en exergue le fait que beaucoup de personnes qui se réclament de la religion musulmane représentent un danger. Bien plus : l’Islam dans sa globalité pose un problème fondamental.
A ce titre j’ai beaucoup apprécié l’approche de M. Zemmour car il a abordé ce problème de front. Pas de petite mesurettes comme les minarets ou la burqa. Non. Il prend l’Islam dans son ensemble et possède le mérite de soulever un problème concret et pertinent qui sera, n’en déplaise aux tenants de la société multiculturelle, à n’en pas douter, un défi pour l’humanité lors de ce siècle : le conflit d’obédience qu’il peut exister entre les lois divines et les lois positives, in fine, un potentiel conflit entre l’obédience religieuse et le principe de souveraineté. Les propos de M. Zemmour n’ont pas trouvé l’écho espéré, probablement car les priorités des citoyens français se trouvent ailleurs.
En ce qui concerne les démocraties libérales occidentales, la chrétienté ne constitue pas un écueil. L’obédience des citoyens va en premier à la nation. Quelles en sont les causes ? A cette question, certains m’ont répondu que le romantisme et le nationalisme étaient passés par-là. Personnellement, je pencherais plutôt pour une certaine forme de désenchantement du monde occidental
Toujours est-il qu’il n’en va pas de même dans le monde arabo-musulman. Leurs habitants envisageraient volontiers un Etat musulman qui irait de la Mauritanie au Kazakhstan et qui ferait fi des particularités de chaque pays. L’Etat islamique en est un avatar. Leurs partisans me rétorqueront que les nationalismes ont fait plus de victimes que les religions. Soit. Néanmoins, si chaque Etat possédait une armée défensive aux exercices périodiques comme la Suisse, répondant ainsi aux critères kantiens de Paix perpétuelle, le monde ne s’en porterait que mieux et les rémanences nationalistes n’auraient pas d’aura belliqueuses. En outre, la manière dont la Suisse a résolu la Question jurassienne devrait être une source d’inspiration pour tous les conflits territoriaux dans le monde.
En conséquence, la paix internationale est atteignable quand bien même le sentiment national prend le pas sur le religieux. Même si un changement de paradigme est, à terme, envisageable au sein du monde musulman, le contexte actuel peut avoir pour corollaire des dérives regrettables.
La Suisse a tout intérêt à être prévenante
Cet état de fait n’est pas sans conséquences pour la Suisse, tant s’en faut. Il y a quelques années, Ueli Maurer, alors chef du DDPS, affirmait qu’il doutait de la loyauté des segundos, en référence à leur rôle dans la grande muette. Si ses propos ont pu blesser et choquer les segundos qui se donnent corps et âme dans l’Armée Suisse, ils ont le mérite de soulever une problématique qui, dans le contexte actuel, demeure d’actualité.
En effet, les potentiels conflits d’obédience tant nationaux que religieux pourraient avoir pour corollaire que la Suisse ait à terme formé et armé des soldats pour d’autres pays, ce qui serait désastreux pour son image. Elle aurait donc tout intérêt à prévenir un tel état de fait.
Gjon Haskaj, ASIN JURA (Association pour une Suisse indépendante et neutre)
1 Gave Charles – Un libéral nommé Jésus, p. 30
Source:cet article a été publié pour la première sur le site LesObservateurs.ch le 18 mai 2022 et a été reproduit ici avec l'aimable autorisation de son auteur, Gjon Haskaj.