Le 9 juin dernier, la Suisse a été élue pour un mandat de deux ans au Conseil de sécurité de l’ONU avec un score qu’on pourrait qualifier de soviétique (187 voix sur 190 possible). A la grande joie des fonctionnaires et bureaucrates internationaux, car ces derniers pourront siéger à la table des grandes puissances. Pourtant, il ne valait absolument pas la peine d’enterrer la neutralité suisse pour permettre à quelques-uns de se sentir importants à New York. Ignazio Cassis, sous les applaudissements de l’assemblée générale de l’ONU, a présidé la mise en bière de la neutralité suisse. C’est une erreur que nous regrettons.
Les vertus de la neutralité sont nombreuses ! Elles permettent non seulement au pays qui la pratique de protéger sa population de la guerre, ce qui est tout sauf anecdotique. Protéger la population et lui garantir sa sécurité est même la première des tâches régaliennes de l’Etat. On ne devrait jamais reprocher à un gouvernement d’adopter une politique efficace en la matière. Les vertus de la neutralité permettent aussi d’offrir ses bons officies et de jouer un rôle diplomatique indispensable, notamment en faveur de la paix dans le monde.
C’est donc ça que nous avons enterré sous les applaudissements de l’ONU le 9 juin dernier.
Le Conseil de sécurité : un jouet aux mains des puissants
Pour rappel, le Conseil de sécurité est l’organe apte à décider d’interventions militaires dans le monde. Il édicte les sanctions, les embargos et légitime l’usage de la force militaire. Il est composé de 15 membres, dont 10 élus pour un mandat d’une durée de 2 ans, comme la Suisse désormais. 5 Etats sont membres permanents et possèdent un droit de veto qui leur permet, individuellement, de bloquer toute décision quand ces dernières heurtent leurs intérêts propres. Ces 5 états sont les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et la France.
C’est donc pour faire partie durant 2 ans de ce panier de crabes que nous avons enterré notre neutralité le 9 juin dernier.
La neutralité ressuscitera-t-elle ?
En chœur, la classe politique suisse – le président Ignazio Cassis en tête – proclame que la neutralité suisse demeure intacte. Répéter un mensonge comme on répète une litanie ne permet pas de transformer le mensonge en vérité. La neutralité a été mortellement meurtrie par les sanctions reprises en début de conflit entre la Russie et l’Ukraine, puis enterrée sous les applaudissements de l’assemblée générale de l’ONU.
Pourtant la résurrection de la neutralité suisse n’est pas totalement exclue, et ceci à deux conditions : premièrement, il faut espérer que la Suisse n’aura aucune décision belliqueuse à prendre durant ses deux ans de mandats à Berne afin que sa participation à ce cénacle soit rapidement oubliée. Deuxièmement, il faudra soutenir l’initiative pour la neutralité qui sera lancée en octobre 2022 et qui, si elle est acceptée, pourrait avoir une chance de réhabiliter la neutralité suisse, armée et perpétuelle, aux yeux du monde entier.