A l'heure où certains tentent de se convaincre qu'évincer l'un des rares politiciens sans liens d'intérêts ni conseils d'administration d'un gouvernement constitue un progrès, il convient de s'interroger sur les voies de la Providence.
Le Valais, qui marquait jusque-là quelques signes de guérison, a fait la preuve que nul n'est épargné par les rechutes. La conjuration de dimanche dernier a montré des hommes aux vues courtes, aux idéologies basses, à la mémoire inexistante, étreindre à pleins bras les ennemis d'hier, les traîtres de demain. La faiblesse des vrais hommes de droite - qui ne connaissent rien à la dissimulation et accordent encore de l'importance au sens de l'honneur - fut sans doute de ne pas imaginer que cela fût possible.
La République gouverne mal mais se défend bien. Le système, le petit système d'ici ou de là, l'a emporté cette fois, cette dernière fois, à une poignée de voix alors que toutes ses forces étaient engagées, arrachant ainsi un autre de ces courts répits qui le séparent de l'heure à laquelle il devra rendre des comptes.
Attitude des médias
Le vendredi 17 mars, le philosophe François-Xavier Putallaz a dénoncé, en termes très clairs, l'attitude du Nouvelliste et de divers médias ayant délibérément faussé le processus démocratique. Son intervention a "dérangé", il avait mis le doigt sur cette évidence indicible d'une coalition politico-médiatique éreintant les forces favorables à la démocratie directe et à la défense des droits populaires. Que l'on ne s'y trompe pas, le 19 mars 2017, c'est la défaite du petit peuple devant les grands seigneurs de la partitocratie, c'est notre 16 décembre à nous. Le système croit toujours possible le règne des arrangements, des copinages, et il a raison, mais pour combien de temps encore ? Vous pensez que j'exagère, que l'amertume m'aveugle ? La chose peut paraître incroyable à certains, mais, par exemple, en Valais, le juge en charge de traiter les litiges avec le Nouvelliste est... marié avec une chroniqueuse du Nouvelliste. On vous laisse augurer du résultat.
Ces élections ont encore levé le voile sur l'avènement de ces formations privées, constituées de professionnels de la communication, à l'immunité médiatique totale, au financement étranger pour le moins obscur, et que la RTS s'échine à confondre avec la "société civile". Sachant pertinemment avoir perdu le peuple sur la question essentielle de la liberté, le système a décidé de prendre la démocratie à revers, usant de cette parodie grossière de masse populaire tout juste bonne à leurrer les médias. Il ne faut pas chercher ailleurs les origines des mouvements qui ont réclamé, à cor et à cri, la destitution d'Oskar Freysinger. Inquiets de leur avenir devant les prochaines échéances européennes, ces groupements ont cru faire œuvre utile en éliminant le plus visible opposant de la dissolution de notre pays dans le magma européen; grave erreur. Tenu par ses obligations de magistrat, un emploi du temps surchargé, il était lié, ils viennent d'ouvrir la cage.
Demain
"Pourquoi mon Dieu ?", a-t-on pu entendre dans les rangs de la défaite ces derniers jours. Il serait faux de dire que les responsabilités cantonales n'ont pas leur importance, mais nos adversaires ne se sont-ils pas employés, depuis des décennies, à réduire les cantons à de lointaines circonscriptions n'étant plus que l'ombre de leur réalité constitutionnelle ? L'on se déchire pour des bribes d'un pouvoir disparu, alors que c'est la Suisse entière qui risque de se retrouver réduite au rang de canton de l'Europe. Le monde ignore tout de notre fonctionnement et ne nous voit que comme une seule entité administrative. C'est ce combat-là, pour l'existence de notre Confédération en tant qu'Etat libre, indépendant et souverain, qui devient primordial.
En libérant, il y a quelques années, le conseiller fédéral Christoph Blocher du tracas de ses obligations, la coalition de centre-gauche relançait, sans le savoir, les structures à l'origine de l'ascension de l'UDC et qui étaient restées un peu à l'abandon. En ouvrant la brèche qui permet à Oskar Freysinger de s'échapper, cette vaste conjuration, qui court du PLR au PS en passant par le PDC et son Nouvelliste, vient de donner à toute la droite romande, à l'aube des combats sur la libre-circulation, RASA et les accords-cadre, le chef et le meneur qui lui manquaient.
Que faire d'autre sinon comprendre, que dire d'autre sinon merci.
Adrien de Riedmatten
Coordinateur Suisse romande