Bien que notre Parlement soit censé représenter les citoyens, dans les faits, aucune réelle représentativité n’est constatée. Par cette différence, nous sommes forcément confrontés, régulièrement, à des désaccords entre le pouvoir législatif et le peuple. L’outil du référendum et de l’initiative est donc là pour remettre le citoyen au cœur du débat, ce qui amène à une position finale, qui, dans la plupart des cas, devrait améliorer la cohérence de notre pays.
Jusqu’à ce jour, aucune décision populaire n’a été prouvée dommageable pour la Suisse. A l’inverse, nous nous souvenons tous d’un certain « dimanche noir pour notre économie » crié haut et fort par notre Gouvernement le 6 décembre 1992. La suite nous a prouvé que, là encore, le peuple avait raison. Conscience biaisée par quelques fous furieux n’acceptant pas la défaite en votation populaire, de plus en plus de parlementaires violent la constitution fédérale.
Mauvais perdants
Sans même mesurer les conséquences de sa crédulité, le Conseil national se contente d’approuver des lois d’application dictées par une poignée de mauvais perdants prêts à traîner notre Constitution dans la boue. Il est devenu récurrent, au fil des initiatives, que les textes adoptés par les citoyens perdent l’entier de leur substance pour mieux servir l’orgueil de ceux qui ne sont pas dignes de nous représenter. Pour ne pas perdre complètement la face, le Parlement oppose à ces textes des contre-projets. Sans compter le coût nécessaire à leur rédaction, les séances interminables de nos élus pour en déplacer les virgules, ces contre-projets auront pour eux l’avantage de faire perdre des années aux initiants.
Si l’initiative du 9 février est l’exemple le plus médiatisé du non-respect de notre démocratie, un petit saut dans un passé tout récent démontre le mécanisme parfaitement rôdé de ces tromperies sans commune mesure. L'initiative pour le renvoi des étrangers criminels fait désormais l'objet de nouvelles lois, mais elles ne respectent pas davantage la volonté populaire, car on attribue au juge le pouvoir de passer outre la décision citoyenne ; son appréciation sera déterminante. Du côté des grands patrons, on continue à assister aux disproportions salariales que l’initiative Minder, plébiscitée, aurait pourtant dû faire cesser.
Textes vidés de leur substance
Le vote massif de 2014 [en faveur de l'initiative « Pour que les pédophiles ne travaillent plus avec des enfants », acceptée par 63,5% des voix, ndlr] qui fait l’objet d’un texte constitutionnel précisant qu'une personne condamnée pour actes d'ordre sexuels avec des enfants sera « systématiquement » privée du droit de travailler avec des enfants et ceci, de façon « définitive » a perdu toute sa substance. Notre Gouvernement propose au Parlement une loi d’application qui ne rendra cette interdiction ni « définitive », ni « systématique ».
Dans ce dossier, l’entier des socialistes ont bu les paroles enflammées d’un acharné de la politique politicienne ayant réussi à faire croire à une grande partie des parlementaires qu’il existait un « contre-projet » à l’initiative [Carlo Sommaruga, CN PS/GE, ndlr]. Il n’existait pourtant aucun contre-projet comme la Chancellerie fédérale a fini par le confirmer. Ce mensonge fut malgré tout repris en boucle par notre ministre Simonetta Sommaruga. Cette dernière est parvenue à présenter au Parlement un torchon qui ne tient pas davantage compte de la volonté populaire que de la constitution fédérale.
Tout comme pour le renvoi des criminels, le pouvoir sera remis au juge, et le peuple n’a qu’à bien se tenir. Cette volonté du Parlement et du Gouvernement de nuire à notre démocratie ne fait plus le moindre doute ; le sabotage est en marche.
Christine Bussat, Femme politique