La très "démocratique" Union européenne comme ultime rempart contre... la démocratie. La classe intellectuelle autorisée ne se cache même plus.
36 artistes - oui, 36 - dont le Suisse Lionel Baier, ont signé l'appel du 9 mai pour une "Nouvelle Renaissance Européenne". Pour la presse suisse, c'est un raz-de-marée.
Le texte est de la plume d'un certain Guillaume Klossa, auteur français se qualifiant lui-même d'"ancien sherpa du groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe (Conseil européen)"; un domestique donc.
La recette est toujours la même : la raison est l'apanage des bien-pensants, l'opposition, même démocratiquement exprimée, sera toujours violente, passionnée, irraisonnée.
Le temps est désormais pour nous, Européens, au sursaut. Comme le Brexit, la victoire de Donald Trump nous a une nouvelle fois surpris. Nous étions majoritairement convaincus qu’une approche raisonnable du débat politique allait prévaloir sur un discours populiste.
Ces "artistes" ont une solution de reconquête - pardon, de renaissance - pour le moins radicale :
Le moment est venu se doter d’une véritable politique étrangère et de défense européenne [...]
Ce doit être aussi l’occasion de renforcer la démocratie en Europe en développant des modalités de démocratie délibérative qui permettent effectivement aux citoyens de contribuer à fixer les priorités du projet européen et à inventer les droits et libertés du XXIe siècle.
En clair, une force de frappe militaire pan-européenne et une réforme constitutionnelle pour empêcher aux démocraties nationales des Etats membres (ou non) d'exprimer des opinions contraires à l'idéal européiste.
Par "démocratie délibérative" il faut bien évidemment comprendre des plateformes de parlote, pilotées par le pouvoir, pour rendre inopérante toute velléité de démocratie directe et placer l'autorité suprême en mains exclusives d'un Parlement de pacotille. La dialectique des appelants ne laisse d'ailleurs pas le moindre doute à ce propos, le texte disant bien que les citoyens seront appelés à "contribuer à fixer". Or, dans une vraie démocratie, les citoyens fixent les priorités, point à la ligne.
En outre, dits citoyens seraient appelés à "inventer les droits et libertés du XXIe siècle", sous-entendu à les trouver ailleurs que là où ils sont déjà.
Depuis 30 ans, l'ASIN lance le même appel, non à ce bazar crypto-soviétique, oui à l'autodétermination des peuples.
Adrien de Riedmatten
Coordinateur Suisse romande