Le ministre des Affaires étrangères et conseiller fédéral PLR Ignazio Cassis est le nouveau président de la Confédération pour 2022. Tous les euroturbos et mercenaires de l’UE en Suisse attendent de lui des signaux clairs en faveur d’un rapprochement avec Bruxelles lors de son année présidentielle. C’est la fuite en avant vers le néant qui sera au bout du chemin voulu par ces gens fatigués de notre indépendance. Quel chemin choisira Ignazio Cassis ?
Le 26 mai dernier, quelques semaines après une dernière tentative de raisonner la Commission européenne, le président de la Confédération Guy Parmelin annonçait que les négociations visant la soumission de la Suisse à la Cour de justice de l’UE étaient abandonnées par le Conseil fédéral. Cet acte fort a tranché avec les indécisions répétées de la dernière décennie.
Pour bien comprendre les enjeux, un petit retour en arrière s’impose : depuis le refus d’adhérer à l’EEE en 1992, la Suisse a mis sur pieds une série d’accords bilatéraux avec l’UE. Il y a d’abord eu les bilatérales I en 2000, puis bilatérales II en 2005. Ces bilatérales ont ainsi complété des accords et traités préexistants entre la Suisse et la CEE, la CE et l’UE. Au total environ 120 accords sont actuellement en vigueur entre la Suisse et l’UE.
Le chantage de la Commission européenne
Après l’entrée des vigueurs des bilatérales II – sont l’accord de Schengen/Dublin en 2007 – la Suisse a émis le souhait de négocier un 3e paquet, contenant notamment un accord sur l’électricité. C’est à ce moment-là que la Commission européenne, présidée par José Manuel Barroso, a posé comme condition préalable la soumission de la Suisse au droit de l’UE avant de signer un nouveau paquet d’accord. En clair, pour l’UE, il était devenu insoutenable que la petite Suisse reste en dehors de l’UE. A défaut d’adhérer politiquement, il fallait que la Suisse soit soumise juridiquement.
Ainsi donc, durant plus de 10 ans, les conseillers fédéraux successifs ont tenté le grand écart entre les exigences européennes et la détermination du peuple suisse à demeurer souverain. Durant 10 ans, à défaut de voir la réalité en face tant la posture arrogante de l’UE était évidente, le Conseil fédéral n’a dialogué qu’avec lui-même. Si bien qu’à la fin 2018, le contenu de l’accord a été dévoilé et soumis à consultation. Le but était alors de gagner du temps vis-à-vis de Bruxelles.
D’abord retardé en raison des élections européennes de mai 2019 (et l’élection d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission), puis fédérales d’octobre 2019 et en raison de la crise Covid dès mars 2020, la décision ne pouvait plus être repoussée. C’est alors que Guy Parmelin, alors devenu président de la Confédération le 1er janvier 2021 a pris les choses en main en annonçant, moins de six mois après le début de sa présidence, le 26 mai 2021, que les négociations étaient finies et que l’accord ne serait pas signé.
Ignazio Cassis entrera dans l’histoire. Reste à savoir comment ?
La décision du Conseil fédéral nous ramène à la situation de 2008. La Suisse a donc toujours une grosse centaine d’accords avec l’UE et n’est soumise à aucune institution européenne comme l’exigeait la Commission européenne. Cette dernière n’a actuellement aucune raison de se montrer proactive avec la Suisse, il ne faut donc pas s’attendre à ce que l’UE reprenne la main dans le dialogue avec la Suisse.
Le nouveau président de la Confédération, Ignazio Cassis – qui est également ministre des Affaires étrangères – a trois scénarii possibles devant lui :
Il peut décider de ne rien entreprendre avec l’UE, considérant que la Suisse n’a pas à reprendre la main dans cette affaire. Une telle posture peut lui éviter de s’embourber dans le dossier européen mais elle peut aussi alimenter un nombre important de critiques qui peuvent se révéler particulièrement dangereuse en vue des élections fédérales de 2023 et du maintien de son propre siège au Conseil fédéral.
Ou alors, il peut décider de reprendre la main en proposant une adhésion à l’EEE afin de satisfaire les exigences de Bruxelles qui veut que la Suisse soit soumise à une autorité institutionnelle européenne. La voie qui conduit à adhérer à l’EEE, refusée il y a 30 ans, mène vers le néant politique. Elle est pourtant privilégiée par les euroturbos et mercenaires de l’UE en Suisse. La voie de l’EEE mène vers le néant car elle nie la souveraineté de la Suisse et notre détermination à dialoguer d’égal à égal avec l’UE.
Enfin, Ignazio Cassis peut s’inspirer du Brexit deal de Boris Johnson qui n’accepte pas de transiger sur l’indépendance et la souveraineté du Royaume-Uni. On se rappelle que le Premier Ministre anglais était moqué par les médias suisses à la fin 2020 car aucun « deal » ne semblait plus possible entre l’UE et le Royaume-Uni avant la date fatidique du 01.01.2021. Or, la pugnacité de Johnson lui a permis de signer ce fameux deal le 30.12.2020 et de faire taire toutes les critiques sur son obstination politique.
Boris Johnson est entré dans l’histoire comme étant le Premier Ministre ayant permis au Royaume-Uni de retrouver son indépendance. Il reste à savoir comment Ignazio Cassis entrera dans l’histoire : en perdant son siège au Conseil fédéral, en parjurant le Pacte fédéral de 1291 ou en imitant Boris Johnson.