Après son AG du 6 mai, aux nouvelles du soir de la télévision suisse romande, l’ASIN fut présentée – je cite – comme une organisation luttant « contre l’ouverture de la Suisse au monde ».
Le journaliste, résumant le contenu des discours, arborait des moues de dégoût comme quelqu’un qui serait contraint de parler d’une chose répugnante, d’une maladie honteuse, d’un acte vil et condamnable. Pourtant, dans son résumé des contenus abordés durant la journée, il n’était question que de souveraineté, d’indépendance, d’autodétermination, de démocratie directe et de droits populaires, bref, des ingrédients de la liberté. A voir le langage du corps de ce journaliste, le téléspectateur ne pouvait conclure qu’à une profonde révulsion que lui inspirait la liberté, dont les défenseurs ne représentaient pour lui qu’un ramassis d’âmes perdues formant une secte diabolique.
Voilà à quoi en sont réduits les chantres des « lumières » durant la phase finale de leur déclin : ils ne voient la liberté que dans un nivellement généralisé des cultures, des genres, des systèmes, des caractères, des savoirs et des ethnies. Pour eux, la liberté est définie par la grandeur de l’espace, l’accélération et la démultiplication des mouvements de populations, la négation des données naturelles et l’augmentation du nombre de « citoyens du monde » liés par le plus petit dénominateur commun : la résignation et la soumission.
L’ouverture n’est pas une valeur en soi, car elle crée un vide qu’il faudra combler par quelque-chose.
Or, les mêmes qui dénoncent à hauts cris la destruction progressive de la diversité biologique sur terre, saluent la « Mc-Donaldisation » de la société humaine, son nivellement culturel, son aplanissement. L’ennemi, pour eux, ce sont les frontières, les entraves à la liberté provenant du poids de l’histoire et des traditions. Ils proposent de faire table rase pour permettre à l’homme nouveau d’émerger, un être asexué, sans entraves ni attaches, libre de toute responsabilité ou contrainte, ne se référant à aucun système de valeurs immuable. C’est, pour la faire courte, la réalisation dans la réalité de l’homme existentiel de Sartre.
Or, pour l’ASIN, ce sont justement les frontières, en garantissant la diversité des systèmes de gouvernance et des corps sociaux basés sur une histoire commune et un lien privilégié avec une terre donnée, qui garantissent la diversité. Cette diversité, à son tour, offre un choix. Et là où il y a un choix, règne la liberté. L’ASIN ne serait pas ouverte au monde ? Au contraire, elle est ouverte à la diversité, à la différence, et elle défend très logiquement une politique migratoire qui ne mette pas en péril la large palette ethnique et culturelle du monde.
Etre ouvert, ça ne signifie pas vouloir éradiquer les frontières, mais leur conférer le caractère protecteur et malgré tout perméable de la peau humaine. L’ouverture n’est pas une valeur en soi, car elle crée un vide qu’il faudra combler par quelque-chose. Or, face à une épidémie, face à l’intolérance dogmatique, face à la corruption, faire preuve d’ouverture serait suicidaire. Ainsi, l’ASIN défend l’exception Suisse non seulement parce qu’elle est unique dans l’histoire et le concert des nations, mais parce qu’elle représente un modèle protecteur et inspirateur qui, telles certaines plantes naturelles, pourrait bien permettre à la planète de guérir d’un bon nombre de ses maux endémiques.
Oskar Freysinger
Membre du comité