Depuis plusieurs années, le « milliard de cohésion » pendait telle une épée de Damoclès sur la politique suisse. Elle vient de tomber. Le 11 août dernier, le Conseil fédéral a donné son feu vert pour le versement de ce prétendu milliard de cohésion. A l’heure où la Confédération dit craindre des déficits records en raison de la crise sanitaire, le versement d’un milliard de francs suisses à des institutions qui n’on cessé de traiter notre pays avec mépris et arrogance est une honte.
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En 2021, face au cul-de-sac créé par l’arrogance de Bruxelles et après un ultime effort du président de la Confédération Guy Parmelin pour arracher un compris, le Conseil fédéral annonçait mettre un terme aux négociations en vue de ratifier l’accord cadre institutionnel avec l’UE. Le 26 mai, le couperet tombait et sanctionnait le comportement désastreux des bureaucrates de l’UE. Bruxelles avait oublié que la Suisse n’était petite que sur une carte et qu’on ne traite pas un partenaire qui rapporte 20 milliards par an au commerce européen à coups de menaces, de chicanes et de chantages.
Néanmoins, les agents suisses de l’Union européenne sont nombreux, bien organisés et puissants. Ils contribuent à faire le jeu des chicanes de l’UE en distillant la peur de mesures de rétorsion fortes. Ils rappellent dans une presse complaisante à leur égard que l’UE se montre extrêmement bienveillante et amicale à l’endroit d’une Suisse qui lui tourne ostensiblement le dos et que cette attitude déplaisante de la Suisse pourrait faire l’objet d’un juste châtiment de l’UE. A les entendre, il y aurait quelque chose qui relèverait de la Miséricorde divine dans la manière dont l’UE traiterait la Suisse.
Alors, espérant sans doute – mais maladroitement – calmer le jeu, le Conseil fédéral avait commencé à envisager de voir le versement du « milliard de cohésion » comme une sorte de compensation à la rupture des négociations sur l’accord cadre. Une telle idée laisse penser aux yeux des bureaucrates de l’UE que la riche Suisse a les moyens de se payer son affranchissement des institutions européennes. C’est tout sauf l’attitude d’un Etat souverain, car, par définition, celui qui doit s’affranchir d’une tutelle n’est donc pas souverain !
Pire, cela laisse supposer qu’à l’avenir, l’UE n’aura qu’à menacer la Suisse par des chicanes afin d’exercer sur elle un chantage financier. Une sorte de prise d’otages politique. Ce signal désastreux est pourtant la voie choisie par le Conseil fédéral le 11 août dernier. Malgré la décision prise par le Parlement de ne verser ce « milliard de cohésion » qu’à la condition que l’UE lève ses mesures chicanières, le gouvernement plaide maintenant pour le versement de cette rançon sans obtenir la levée des chicanes.
Ainsi, on est passé d’un versement volontaire de la Suisse à la cohésion de l’UE au paiement d’une rançon en espérant avoir la paix, que nous n’obtiendrons pas. En effet, les bureaucrates européens ont désormais compris qu’il s’agissait d’imposer des mesures chicanières à la Suisse pour lui arracher à intervalles réguliers le prix de son affranchissement.
Ce milliard de cohésion est devenu le milliard de la honte ! Il l’est d’autant plus que la Confédération annoncer un déficit record de près de 18 milliards de francs dû à la crise sanitaire et économique.
Aux yeux de l’ASIN, l’argent généré par l’économie suisse et capté par les outils fiscaux divers et variés doit prioritairement, sinon exclusivement, contribuer à la solidarité en Suisse. A cet égard et dans ce contexte, il est inadmissible et intolérable qu’un montant d’un milliard de francs suisses soit payé en rançon en espérant nous libérer des preneurs d’otages bruxellois.