Vous en avez marre ? Nous aussi !
Il est venu ce jour que nous pourrons rapporter à nos petits-enfants comme étant celui où la démocratie a disparu. Il faudra bien leur expliquer alors pourquoi nous manifestons toutes les semaines dans la rue contre des choses sur lesquelles nous ne pouvons plus nous prononcer. Ce jour est celui où la Suisse est devenue un pays comme les autres.
Introduit en 1848, pratiqué la première fois en 1935, le droit d'initiative aura vécu aussi longtemps que le Sonderfall helvétique. Mais, voilà, Leurs Excellences – de Berne, de Bruxelles, qu'importe – sont fatiguées ; assez joué !
L'histoire des plus belles chutes tient toujours le récit d'une sombre trahison : Judas, Brutus, Ganelon et maintenant ça. Oui, car nous avons été trahis par ces petits marquis de la représentation politique, juchés sur leurs simulacres de privilèges au point d'en oublier qui les avait sacrés. Qui t'a fait roi ? Dans un monde bien fait, cette piétaille encravatée indiquerait la direction du vent au loisir d'une corde (du calme... j'illustre), mais, voilà, le Suisse penche plutôt pour le compromis ; mal lui en a pris.
Il convient peut-être de renouer avec l'énergie primitive de nos pères fondateurs et la casuistique imparable d'un bon coup de Morgenstern sur ces calebasses agitées. Ces types-là sont en train de nous voler ce qui fait notre liberté. Il fut un temps, pas si lointain, où les archiducs ne s'en tiraient pas à si bon compte.
Aujourd'hui, l'ennemi a troqué plastrons et armures pour le veston croisé et l'honneur du champ de bataille pour les méandres de bureaucraties absconses. Et, pour ne pas avoir à se salir, ces foudres de paperasses veulent désarmer le peuple, politiquement autant que physiquement.
Ils veulent nos armes ? Qu'ils y viennent ! Ce pays est à nous, rien qu'à nous, et pas à ces élites parasitiques. La Suisse est un état de droit, nous sommes un peuple libre, indépendant et souverain. La Confédération est notre maison et c'est nous qui décidons qui rentre et qui sort. On ne peut pas négocier ? Soit, nous allons nous retirer, tout simplement, comme fait un partenaire parfaitement libre dans une transaction. Et alors nous verrons bien ce que Berne nous dira, si la voix du peuple a encore quelque valeur devant la dogmatique des droits dits "supérieurs".
La démocratie directe, le culte de notre indépendance par la neutralité, sont notre recette ancestrale de la liberté. Le choix du peuple, c'est souvent la paix, le contraire, c'est toujours la guerre. L'Union européenne peut-elle nous opposer 700 ans de liberté sans faille et près de 500 ans de paix discontinue ? Non, bien sûr, elle ne le cherche pas, d'ailleurs, qui prend sa place dans la longue file des Césars, Napoléon et les autres, qui ne considèrent la liberté des peuples qu'une fois réduits à leur pouvoir. C'est Berlin, Budapest, Prague, c'est Alep, sommes-nous donc si loin pour les avoir oubliés ?
Notre choix est simple, il est encore possible, il ne le sera plus demain. Voulons-nous de la soumission, oui ou non ? Si non, debout !
Adrien de Riedmatten
Coordinateur Suisse romande