Requinqué par les votes de Belprahon et Sorvilier de ce week-end (nonobstant la mauvaise humeur de certains), le jeune prodige du Jura bernois, avocat, conseiller national (UDC), coureur motocycliste, s'engage de toutes ses forces pour son petit coin de francophonie. Il sera là, à la Chaux-de-fonds, le vendredi 29 septembre 2017, à la Maison du peuple, dès 19h30 pour dire son point de vue sur les effets de la libre circulation dans le Nord romand.
Pour nous faire patienter, M. Manfred Bühler a bien voulu répondre à quelques questions :
ASIN: Quelle est la situation de l'emploi dans le Jura bernois ?
Manfred Bühler : Le taux de chômage est relativement bas en comparaison au canton du Jura, et aussi par rapport au canton de Neuchâtel. Généralement, le taux est proche de la moyenne suisse, mais la situation peut changer très vite lors des à-coups conjoncturels.
La libre circulation représente-t-elle vraiment un avantage pour tous dans votre région ?
MB : Certains secteurs ont, sans aucun doute, besoin de main-d’œuvre étrangère, notamment les soins, et aussi certaines industries ou même l’agriculture. Cependant, cette main-d’œuvre pourrait très bien être embauchée sans la libre circulation, le pays décidant souverainement combien de places de travail seraient rendues accessibles à des personnes venues de l’étranger. La libre circulation ne présente, à mes yeux, pas d’avantage décisif, même si elle simplifie, il est vrai, certaines démarches administratives pour le premier emploi.
Que dire à ceux, chômeurs, bénéficiaires de l'aide sociale, qui se sentent victimes de la libre circulation ?
MB : Je dirais qu’ils ne doivent pas baisser les bras et prendre les devants en se formant, en essayant peut-être de changer de branche économique pour augmenter leurs chances de retrouver un emploi. Les services de l’Etat (ORP notamment) doivent soutenir les efforts en ce sens et ne pas favoriser les personnes inscrites qui viennent chercher un emploi en Suisse depuis l’étranger.
Faut-il restreindre l'accès aux aides sociales pour les ressortissants européens ?
MB : Je suis d’avis qu’il faudrait effectivement limiter les droits dans le temps, car l’immigration dans le système social est trop facile et attractive à ce jour, par exemple avec des contrats de travail plus ou moins fictifs.
Quelle est l'influence de la situation des cantons de Neuchâtel et du Jura sur le Jura bernois ?
MB : Lorsque l’économie de ces cantons va mal, celle du Jura bernois souffre également, en parallèle, puisque les structures économiques présentent des similitudes. Cependant, par son appartenance au canton de Berne, très diversifié au niveau de son économie, la population du Jura bernois a davantage de débouchés pour retrouver un emploi, fût-ce à Bienne ou même Berne.
Quelles solutions pratiques entrevoyez-vous sur la question de la libre circulation ?
MB : La Suisse devrait avoir le courage de dire à l’UE que la libre circulation n’est pas possible sur le long terme car le pays finira par étouffer si sa population augmente sans cesse à un rythme élevé. Il faut changer cette règle dogmatique de la libre circulation des personnes intégrale.
Etes-vous favorable à un accord-cadre qui contraindrait la Suisse à une reprise systématique du droit européen ?
MB : En aucun cas, car cela viderait notre système démocratique de toute substance, en particulier la compétence du peuple de prendre les grandes décisions.
Que pensez-vous de l'ASIN ?
MB : Il est essentiel que des associations comme l’ASIN et d’autres participent à la vie politique du pays afin de sans cesse rappeler que des valeurs essentielles telles que la neutralité et l’indépendance politique du pays doivent être défendues et respectées.
Propos recueillis par Adrien de Riedmatten