30 ans après la chute du mur, l'UE termine la première phase de sa construction, la phase douce, patiente. L'occasion était trop belle, devant la fin du monstre soviétique, pour ne présenter l'Europe unie autrement que comme l'horizon nouveau d'un monde libéré.
Seulement voilà, 30 ans plus tard, les peuples veulent en sortir avec la même énergie que les foules est-allemandes qui butaient obstinément contre les barbelés de l'idéologie socialiste unifiée. Libéral, capitaliste ou communiste, le mondialisme est perçu comme la première cause de crise économique et d'extinction des libertés fondamentales. Il est tout juste temps pour les autorités de l'UE de serrer la vis et mettre au pas les nationalismes récalcitrants. Le monde de l'argent, le monde du contrôle, face à cette terrible velléité de liberté. Jusqu'à ce jour encore, le processus devait se mener en douceur, il est temps de changer de méthode.
L'histoire sait que les grandes civilisations, les plus grandes nations, ne se sont construites que dans la guerre. Il prend l'envie à certains de refondre l'Europe dans le fer, le feu et le sang. La conclusion logique du processus entamé en 1914, voire en 1870. Dissoudre le rempart des libertés nationales européennes dans le malheur ultime, se substituer à tous les mécanismes de la souveraineté et proposer aux survivants une sécurité - la paix des vaincus - qu'ils ne pourront pas refuser.
L'UE planifie sur la guerre
En réponse aux derniers événements, l'UE a annoncé ce jour vouloir publier:
"Un document de réflexion visant à lancer un débat public et à examiner les différentes visions en matière de sécurité et de défense européennes à l'horizon 2025. Le document de réflexion sera complété par une proposition visant à lancer un Fonds européen de la défense complet et ambitieux afin de permettre d'améliorer les dépenses des États membres en matière de défense et l'efficience de ces dernières. Ce faisant, la Commission respecte son engagement de renforcer la défense et la sécurité des citoyens européens, qui est au cœur des priorités de la Commission Juncker."
Cette stratégie est fondée sur le Livre blanc sur l'avenir de l'Europe, publié le 1er mars 2017. La Commission y chante 70 ans d'une paix totale qu'elle attribue à sa seule existence. Que la guerre soit devenue politique, économique, qu'elle soit impitoyable, ne lui échappe pas, mais les œillères sont bien là.
Dans la liste des moteurs de changement, juste après l'argent, elle y place la guerre, la guerre inévitable, ce trouble originel, ce big bang censé présider à la naissance de la 'nation' Europe. Les nationalismes historiques sont perçus comme des obstacles à l'avènement de la grande économie mondialisée, il convient de tous les mettre au pas:
"Le retour de l’isolationnisme a semé le doute sur l’avenir du commerce international et du multilatéralisme. La prospérité de l’Europe et sa capacité à défendre nos valeurs sur la scène mondiale continueront à dépendre de son degré d’ouverture et du maintien de liens solides avec ses partenaires. Or, se battre pour la liberté du commerce et la libéralisation des échanges, et orienter la mondialisation pour qu’elle soit profitable à tous, sera de plus en plus difficile."
Le mondialisme effréné a engendré la crise de 2008, les mondialistes proposent aujourd'hui l'annihilation des nations comme remède.
De même, l'abattement des frontières, l'absence totale de discernement devant l'immigration, ont créé une situation sécuritaire que le continent n'avait plus connu depuis le Xe siècle. Le remède ? Détruire le peu qui reste de souveraineté à ceux qui sont censés construire, édifier, cette Europe:
"La mobilisation de troupes à nos frontières orientales, la guerre et le terrorisme au Moyen-Orient et en Afrique, et la militarisation croissante à travers le monde, sont des exemples éloquents d’un environnement mondial de plus en plus tendu. Il n’a jamais été aussi essentiel de réfléchir aux moyens de dissuasion, de réaction et de protection face aux menaces, qu’il s’agisse de cyber-attaques de grande envergure ou de formes plus traditionnelles d’agression. L’OTAN continuera à assurer la sécurité, au sens militaire, de la plupart des pays de l’UE, mais l’Europe ne peut pas faire preuve de naïveté et doit prendre en charge sa propre sécurité. Etre une «puissance douce» ne suffit plus, lorsque la force peut prévaloir sur le droit."
Prévaloir sur le droit...
Créer le problème pour vendre la solution, susciter la maladie pour distribuer le remède à large échelle. L'UE a besoin d'une guerre larvée, d'une guérilla urbaine, insaisissable, à combustion lente, pour permettre l'idée d'une force militaire européenne qui sera le boisseau sous lequel les souverainetés seront à jamais asphyxiées. C'est d'ailleurs pour permettre cette situation de totale dépendance, d'esclavage sécuritaire, que, contre toute logique, elle désarme les citoyens avant de s'armer elle-même.
Adrien de Riedmatten
Coordinateur romand