L’Union européenne aime à bricoler ses dogmes. Ainsi en a t’il été du serpent monétaire ou même de sa propre constitution. Il en est ainsi de ses frontières. L’agence Frontex, chargée de coordonner la coopération opérationnelle aux frontières de l'Union européenne, se trouve dénoncée violemment pas les autorités italiennes après avoir lancé l'opération «Mare Nostrum» conduite par les seules unités de la marine italienne. Si cette opération a permis de sauver 34’000 personnes en sept mois et d'arrêter 200 passeurs déférés devant les tribunaux italiens, elle laisse l'Italie en supporter un coût particulièrement élevé: 300’000 euros par jour, neuf millions d'euros par mois.
La colère italienne est d’autant plus vive que les autres pays européens refusent de reconnaître le caractère communautaire de cette opération de sauvetage et donc d'accorder l'asile aux émigrés qui en font la demande. Prévaut la logique du traité de Dublin, dont l'Italie demande la modification, qui impose aux pays de débarquement de prendre totalement en charge les migrants. Or la Situation empire de jour en jour. Depuis le début de l’année, 42'000 personnes ont tenté de pénétrer dans l’UE. C’est trois fois plus que l’année passée, à la même période. Ce ne serait qu’un début : 400'000 à 600'000 personnes seraient en attente en Libye…
L'Italie attend de l'Europe un réel changement à l'égard de l'immigration. Ce sera l'un des points principaux de la présidence de l'Union européenne qu'elle prendra le 1er juillet pour six mois. Il y a d'autant plus urgence que la Libye menace d'accélérer le «transit» des centaines de milliers de candidats à l'émigration qui se pressent sur son territoire en facilitant leur départ… vers l'Italie. «La Libye a payé. Au tour de l'Europe de le faire», lance son ministre de l'Intérieur par intérim, Salah Mazek.