De l'art de respecter ses engagements...
Bilatérales oui, Europe non. Tel était le slogan du PLR lors de la campagne de 2015 en termes de politique extérieure. Est-ce parce qu’il a remarqué qu’il ne pourrait tenir la promesse de campagne de son parti que M. Didier Burkalther a préféré plier les voiles et voguer vers d’autres cieux ?
On peut très sérieusement en douter. Toutefois, la meilleure manière de lui rendre hommage est d’admettre que c’est effectivement le cas et, qu’en homme intègre qu’il est, il ne pouvait se résoudre à trahir les promesses de campagne de son parti.
Elu ou désigné ?
Dès lors, se pose la question de sa succession. Quel que soit le degré d’europhilie/phobie de son successeur, il serait de bon aloi qu’il puisse ne pas être choisi par quelqu’un de la Commission européenne. Ce serait déjà une victoire. Pour rappel, lorsque Berlusconi, alors premier ministre italien, émit l’idée que l’Italie puisse sortir de l’Euro, il fut promptement débarqué et remplacé, dans un silence assourdissant, par M. Monti, sans que ce dernier ne soit même élu. En outre, il devra assimiler le fait que le peuple, du haut de sa grande béatitude, a remarqué que les membres de la Commission européenne était composée de personnes non élues dans leur propre pays, tels MM. Moscovici ou Juncker.
Liberté à l'anglaise
Plus de 80% des lois passées par le Parlement britannique n’étaient que des reprises de directives émises par ces responsables non élus. On ne peut que comprendre les velléités britanniques de reprendre le contrôle sur leur législation, d’une part, mais, surtout, d’être à même de prendre congé de ceux qui font lesdites lois ; chose qui n’était pas possible en restant membre de l’UE.
Le peuple britannique a donc fait le choix de la liberté. Qu’en sera-t-il de la Suisse ? Si l’accord-cadre venait à être soumis au vote du peuple dans les années à venir, le PLR, devra, par un communiqué officiel, appeler à le refuser, afin que ses promesses soient respectées, et ceci par « amour de la Suisse ».
Si le peuple n'a pas confiance
En son temps, Confucius affirmait la chose suivante :
« Celui qui administre doit avoir soin que les vivres ne manquent pas, que les forces militaires soient en nombre suffisant, que le peuple lui donne sa confiance. S’il était contraint de négliger une de ces trois choses, il commencerait par l’armée. S’il était absolument nécessaire d’en négliger une seconde, ce serait les vivres. Les vivres manquant, la famine surviendrait certainement et ferait des victimes ; mais, de tout temps, les hommes ont été sujets à la mort. En revanche, si le peuple n’a pas confiance en ceux qui le gouvernent, c’en est fait de lui. »
La confiance du peuple suisse envers ses dirigeants s’étiole à mesure que le temps avance. Didier Burkalther, en homme très intelligent et subtil, l’avait bien compris. Il a décidé de s’en aller avant que ce lien si fébrile, qui unit la classe politique au peuple, se casse définitivement.
Les défis qui attendent le nouveau Conseiller fédéral sont donc majeurs. Rétablir le lien de confiance avec le peuple sera le plus important. Prions pour qu’il y parvienne.
Gjon Haskaj
Président ASIN Jura