Essor des frontaliers et chômage suisse...
En 1980, il y avait 7'500 travailleurs au chômage en Suisse. En 1990, 19'000. En 2000, 70'000. Et en 2010, 160'000 en moyenne.
Même le président de la banque cantonale neuchâteloise était de l’avis que l'assurance chômage avait rempli jusque-là (en 2011) son rôle d'amortisseur économique (Impartial, 15.01.2011 p. 23). Mais la crise bien terminée, il y restait encore 127'054 personnes officiellement au chômage à la fin juillet 2014 (les demandeurs d'emploi étaient officiellement au nombre de 181'000, chiffre comprenant ceux enregistrés aux ORP qui ne reçoivent pas ou plus d'indemnités). Même en période relativement prospère, vers la fin de 2015, le nombre officiel de demandeurs d'emploi en Suisse se tenait à plus de 148'000 (fin novembre 2015, avec un SMI à près de 9'000).
Toutefois, le véritable nombre de personnes en mal d'emploi, selon les critères plus corrects du BIT, s'élevait à 215'000 fin mars 2013 (OFS, cité dans l'Impartial, 28.06.2013 p. 20) et, début 2016, le nombre de sans-emploi se montait à 249'000 (Impartial, 27.05.2016 p. 20). Comment se fait-il alors que le nombre d'emplois occupés en Suisse par des frontaliers atteigne, en 2014 déjà, les 280'000 (L'Express, 11.02.2014 p.1) pendant qu'il y a tant de personnes d'ici au chômage, volontaires et qualifiées ? Début 2017, les frontaliers étaient au nombre de 320'000 (20 Minutes, 24.02.2017 p. 3). Et combien de familles en Suisse ont été privées de gagne-pain pendant ce temps ?
La libre circulation plombe les finances du canton
Dans le canton de Neuchâtel, la création d'emplois bénéficie surtout aux frontaliers, dont le nombre a dépassé les 10'000 rien que pour ce petit canton... (11'000 fin juin 2014, 10'497 fin juin 2013 et 10'160 en fin de 3ème trimestre 2012 contre 8'186 en 2010 - source OFS, Courrier-NE 12.12.2012 p. 3, Impartial 29.08.2014 p. 5 et 07.09.2013 p. 9).
Certains prétendent que les (plus de 6'000) personnes privées de travail dans le canton ne sont pas employables, faute de profils convenables. Qui peut croire que, parmi ces 6'000 personnes, il n'y a pas de profil convenable ? Surtout lorsque les employeurs publient leurs offres d'emploi uniquement dans la presse française (20 Minutes, 26.02.2016 p. 5). La vérité est que les employeurs cherchent moins le mouton à cinq pattes que le mouton bon marché...
Sans employer les actifs disponibles entre 25 et 65 ans et domiciliés de ce côté de la frontière (qui accessoirement paieraient leurs impôts dans le canton), il est illusoire de penser pouvoir combler le déficit monumental du canton, qui passe notamment par les 250 millions d'aides annuelles aux résidents privés de travail. Sans employer les gens d'ici, on ne pourra pas redresser la barre (Impartial, 25.02.2013 p.3).
Les habitants malchanceux du canton, qui épuisent leurs indemnités de chômage, après avoir essuyé d'innombrables refus démoralisants, malgré leurs pléthoriques demandes d'emploi, doivent encore faire naufrage économique avant de pouvoir toucher l'assistance sociale. Et la destruction de leurs économies, après des années d'épargne et de privations, est un vrai désastre. Il faut le vivre pour le croire.
Ne pas retrouver un travail convenablement rémunéré avant l'épuisement de nos économies vaut la saisie de notre maison par les huissiers, voire l'expulsion du logement familial et nous fait subir l'opprobre social, qui nous pèse face à nos amis et connaissances. On peut encore s'attendre à la destruction de notre vie familiale et sentimentale et la possibilité bien réelle de perdre notre santé par la suite.
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