Voilà ce qui arrive quand on a perdu sa souveraineté budgétaire. Acculé par l’Union européenne, le gouvernement socialiste français doit présenter à Bruxelles un plan de politique générale visant à réduire de 50 milliards son déficit colossale (2'000 milliards d’euros à fin 2014). Un effort violent qui ne sera pas suffisant. Le fameux seuil de 3 % du déficit par rapport au produit intérieur brut (PIB) imposé par Bruxelles ne sera pas tenu. Le ministre des finances, Michel Sapin, a donc pris son bâton de pèlerin pour obtenir la bienveillance de l’Allemagne pour qu’elle use de son pouvoir d’influence à Bruxelles. Sans trop de succès, son homologue s’est contenté de déclaré que « la France avait confirmé qu’elle avait conscience de ses responsabilités ».
Une démarche qui n’a pas passé inaperçu à Bruxelles. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne a expliqué sans nommer de pays, que « ne pas respecter les règles communes revenait à saper la confiance envers l’euro ». Olli Rehn, commissaire européen, qui a placé la France sous surveillance renforcée (sic), a déclaré que « si on donnait plus de temps à la France, cela créerait immédiatement un précédent pour d’autres pays membres ». Et d’ajouter un peu abruptement : « Il est très important de respecter les règles et de ne pas les bidouiller » (re-sic).
Manuel Valls présente donc son plan d’économie dans un climat relationnel tendu entre son pays et l’UE, prisonnier de normes budgétaires européennes qu’il lui sera bien difficiles de tenir. A peine a t’il présenté sa « trajectoire budgétaire » comprenant d’importants efforts demandés, entre autres aux retraités, qu’il a déjà dû faire marche arrière en promettant « un geste fort pour les petites retraites ». Bidouiller, vous avez dit bidouiller ?