Maintenant qu'on sait que les Suisses savent se soumettre, on ne va pas s'arrêter en si bon chemin.
Quand la bande à Blocher annonçait l'imminence d'une assimilation de l'exception helvétique dans la gueule de l'idole européenne, la presse romande prenait l'ancien conseiller fédéral pour un doux-dingue un tantinet obsessionnel.
Le "machin" européen, qui avait tôt fait de brandir l'exclusion au programme Erasmus à la moindre velléité de libre expression populaire, se fait aujourd'hui tout miel devant l'une des plus belles expressions de lâcheté que notre démocratie ait portée.
La Commission européenne salue "l'équilibre" de la décision helvétique tout en rappelant sa vigilance. Mais ce qui est très étonnant, c'est la conclusion que cette même Commission semble en tirer :
"Les autorités suisses et les institutions européennes n'ont pas ménagé leurs efforts afin d'aboutir à une solution concertée qui soit en mesure de garantir la pleine intégrité de l'un de nos principes fondateurs : la libre circulation des personnes."
"Nos" principes fondateurs ? Vous lisez bien, la Suisse et l'UE ne seraient plus qu'un, soudés constitutionnellement sur ce principe essentiel qui annule notre souveraineté pour la dissoudre dans ce vaste espace sans frontières qu'est l'UE. Pour Bruxelles, la chose est entendue, la libre circulation est la base de ce qui fait que nous sommes à eux, que notre territoire est le leur.
"La Commission suivra étroitement la mise en œuvre de cette solution. L'année 2017 pourrait constituer une étape charnière dans l'approfondissement des relations entre l'Union européenne et la Suisse, ceci en vue de promouvoir toujours plus la vitalité de notre espace de liberté, de toutes les libertés, au bénéfice de l'ensemble de nos citoyens."
Un même espace, des citoyens communs, le même exercice de l'Etat.
Comme Berne hier disait qu'il fallait transformer les trafics de notre Parlement en article constitutionnel, Bruxelles veut fixer dans le droit la réalité pratique de l'abdication helvétique :
"La Commission salue l'objectif du Conseil fédéral pour l'année 2017 de renouveler et approfondir les relations avec l'Union européenne et dans ce cadre de son intention d'adopter un message relatif à un accord institutionnel entre l'Union européenne et la Suisse. Cet accord est nécessaire pour apporter une sécurité juridique dans les relations bilatérales entre l'Union européenne et la Suisse et pour conclure de nouveaux accords pour élargir nos relations."
La sécurité juridique est celle de la soumission de notre droit au seul arbitrage de la Commission européenne voulu par M. Barroso, en son temps, et M. Burkhalter. Nous avons déjà été avalés, le processus de digestion est entamé.
A l'aube du 25e anniversaire du refus de l'EEE, l'ASIN prend acte avec fermeté que la volonté du peuple suisse et des cantons est manifestement dirigée contre toute forme d'adhésion, fût-elle habilement déguisée. L'UE c'est non, même pas un peu, même pas pour faire semblant. Si ce sont nos Parlements qui posent problème, qu'à cela ne tienne, nous en changerons. En 2017, 3 cantons romands, Vaud, Valais et Neuchâtel, changeront les leurs. Le sort de notre pays ne dépend que de vous.
Adrien de Riedmatten
Coordinateur romand